Le domaine Mackenzie-King est un joyau au cœur du parc de la Gatineau. William Lyon Mackenzie King, dixième premier ministre du Canada, met pendant près de 50 ans beaucoup d’énergie pour transformer ce qui n’était au départ qu’un modeste chalet en un vaste domaine comprenant des chalets, une maison de ferme, des jardins, des sentiers, et des ruines ici et là cachées en pleine forêt.
Mackenzie King
Mackenzie King est l’un des politiciens les plus importants du Canada. C’est toutefois un homme particulier qui reflète bien les valeurs de sa jeunesse. Né en 1874, à Kitchener en Ontario, il est plus ancré dans le XIXe siècle que dans le XXe. Il est premier ministre pendant près de 22 ans, entre 1921 et 1948, avec deux interruptions. Il détient le record de longévité comme premier ministre du Canada.
Sur le plan personnel, il demeure célibataire et entretient des liens très forts avec sa mère adorée, Isabel et ses chers chiens. Il communique avec eux même dans l’au-delà. Bien que terne comme politicien, il se révèle un homme très intelligent. Enfin, c’est un grand romantique et croyant, ce qui joue un rôle déterminant dans l’aménagement du domaine Mackenzie-King.
Un conte de fées
Rien au départ ne laissait croire qu’un jour Mackenzie King aménagerait une immense propriété de 231 hectares, dans ce qui est aujourd’hui le parc de la Gatineau. En 1900, King découvre pour la première fois le lieu et il est frappé par sa beauté. En 1903, il achète un petit terrain près du lac Kingsmere, nommé avant lui, mais King y voit un signe et y construit un chalet. Avec le temps, il agrandit son chalet et achète en 1922 celui du voisin. De 1903 à 1928, il y passe tous ses étés. En fait, cela devient la résidence d’été du premier ministre canadien. King nomme l’endroit Kingswood.
Moorside
En 1928, King emménage dans un chalet plus spacieux sur un domaine annexé à Kingswood quelques années plus tôt. Il nomme sa nouvelle propriété Moorside. C’est aujourd’hui le Salon de thé. C’est là que le premier ministre reçoit les grands de ce monde comme Sir Weston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni et Charles de Gaulle, président de la France. C’est aussi à cet endroit qu’il exprime son romantisme et sa foi profonde en aménageant des jardins et des sentiers. Même aménagée par l’homme, la nature demeure pour lui une œuvre divine. Plus étrange, il réunit une collection de ruines pittoresques qui rappelle les grandes propriétés romantiques de la Grande-Bretagne. Par exemple, on trouve sur le site des ruines du parlement canadien incendié en 1916 et celui de Londres.
La ferme
King agrandit à nouveau sa propriété en achetant en 1927 une vieille ferme qu’il rénove pour y déménager en 1943. Il s’y réfugie lorsqu’il quitte le pouvoir en 1948 et il y meurt deux ans plus tard à l’âge de 75 ans. King avait songé à se faire enterrer à la Ferme, mais il est plutôt inhumé à Toronto avec sa famille.
Décédé sans femme et enfant, Mackenzie King lègue son domaine adoré à la nation canadienne. Ce dernier préserve encore son intégrité et est soigneusement restauré par la Commission de la capitale nationale. Grâce à des photos d’archives, on refait aussi les magnifiques jardins français et anglais en face de Moorside. Seule la maison de la Ferme ne peut pas être visitée, puisque c’est la résidence officielle du président de la Chambre des communes.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais