Le nom du secteur Aylmer, qui vient de celui du canton situé en Outaouais a été attribué en 1848. Il rappelle le souvenir de Matthew Aylmer, 5e baron d’Aylmer (1775-1850), homme qui en réalité a fait preuve de peu d’habileté dans l’administration civile durant la période où il occupe les hautes fonctions de gouverneur en chef du Canada, de 1831 à 1835.
Fondée en 1816, la ville porte d’abord le nom de Symmes Landing en l’honneur du neveu de Philemon Wright, le fondateur du canton de Hull. On sait que les relations entre l’oncle et le neveu n’étaient pas très bonnes. C’est Charles Symmes qui a construit une magnifique auberge sur les berges du lac Deschênes où loge aujourd’hui le Musée de l’Auberge Symmes. Ce bâtiment a été désigné comme le joyau du patrimoine de la grande ville de Gatineau.
Ancienne route à péage
Par la suite, cet endroit a été dénommé Turnpyke End parce que l’ancienne route à péage construite aux environs de 1849 s’y terminait. Cette route assurait la liaison entre Hull et Aylmer et permettait le contournement des nombreux obstacles à la navigation sur la rivière des Outaouais parsemée de rapides.
Aylmer atteint son apogée de 1850 à 1880. Un palais de justice et une prison sont érigés en 1851. En 1855, Aylmer devient officiellement le chef-lieu du district judiciaire. C’est aussi à cette époque l’un des principaux centres industriels et commerciaux de l’Outaouais. De grands marchands de bois y font construire des résidences spacieuses entourées de jardins que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Bref, Aylmer est alors une ville dynamique sur tous les plans.
Malheureusement pour la ville, la construction de chemins de fer sur la rive ontarienne et un autre sur la rive québécoise portent un coup fatal pour la navigation à vapeur commerciale à la base de la grande prospérité d’Aylmer. Hull devient alors, avec ses importantes scieries, le centre administratif et à partir de 1897 le centre judiciaire de l’Outaouais.
Malgré tout, Aylmer se découvre une nouvelle vocation au tournant du XXe siècle en devenant un centre de villégiature, de loisir et de tourisme. Les nombreux golfs de la région et les belles demeures en témoignent d’ailleurs toujours.
Texte préparé par Michel Prévost, D.U., archiviste en chef de l’Université d’Ottawa et président de la Société d’histoire de l’Outaouais.